Donna Davis milite depuis neuf ans pour faire entendre la voix des patients, puisant à même son profond chagrin et convaincue avec une égale profondeur qu'elle contribue à améliorer la qualité des soins au pays.
En tant que membre de Patients pour la sécurité des patients du Canada depuis 2007 et de coprésident du groupe pendant huit de ces années, Donna Davis a observé des changements positifs dans la façon dont le personnel soignant collabore avec les patients et leurs familles.
« À nos débuts, nous devions essentiellement nous inviter nous-mêmes, raconte-t-elle à propos du petit groupe initial de champions de la sécurité des patients. Nous cherchions les occasions de dire, hé, voulez-vous que nous venions parler de sécurité des patients à votre groupe? Nous avons parcouru un long chemin depuis cette époque. Maintenant, nous recevons tant de demandes que nous ne pouvons pas répondre à toutes. »
Elle se souvient avoir approché l'école de médecine de l'Université de la Saskatchewan à l'époque et d'y demander si un conférencier y avait déjà abordé l'enjeu de la sécurité des patients. Ce n'était jamais arrivé.
« Et j'ai répondu, très bien, je pense avoir une histoire que vos élèves ont besoin d'entendre. »
Il y a quatorze ans, Vance, son fils de 19 ans, est décédé dans un hôpital de la Saskatchewan trois jours après avoir perdu le contrôle de son camion sur une route rurale. Les médecins avaient conclu que la blessure à la tête de Vance était mineure, rien de plus qu'une commotion cérébrale. Madame Davis, une infirmière de métier, croyait le contraire, mais ses préoccupations relatives à l'état de santé de son fils, qui se dégradait, ont été rejetées et l'épreuve de la famille a été compliquée un peu plus par une série de malentendus survenus avec le personnel soignant. Cinq années de colère et de frustration ont passé avant qu'elle ne soit contactée par l'employée de l'hôpital qui s'est penché sur le cas Vance.
« Elle m'a donné un coup de fil et elle a dit : Donna, nous avons échoué à prendre soin de Vance et nous avons aussi échoué à vous écouter comme famille, se souvient-elle. J'ai donc enfin eu confirmation que ce que je croyais en mon fors intérieur était vrai. J'ai alors senti que je devais faire quelque chose pour corriger le tir, pour faire en sorte qu'aucune autre famille ne traverse l'épreuve que nous avons vécue. »
Madame Davis raconte depuis l'histoire de Vance et estime que ce point de vue très personnel, tout comme les témoignages poignants des quelque 70 autres bénévoles de Patients pour la sécurité des patients du Canada, constitue l'une des principales raisons motivant les améliorations du système de santé.
Elle souligne qu'elle est fière du rôle qu'a joué PPSPC ces dernières années dans l'adoption d'une méthode normalisée d'enquête, de divulgation et de diffusion d'informations sur des préjudices accidentels rejoignant autant les professionnels de la santé que le public. Elle est heureuse que la sécurité des patients et l'interaction avec les patients et leurs familles fassent maintenant partie du programme d'études normalisé de nombreux professionnels de la santé. Elle est aussi fière du statut de son groupe, qui compte parmi les promoteurs les plus actifs et les plus crédibles de la sécurité des patients dans le monde.
« Je pense que chaque fois que nous parlons aux étudiants, nous franchissons un important jalon. En leur racontant nos témoignages, nous espérons influencer et façonner le genre de praticien et de prestataires de soins qu'ils sont appelés à devenir, ainsi que la manière dont ils vont écouter les patients et les familles, bien avant qu'ils n'arrivent dans le système et deviennent blasés. »
« Je sais qu'un certain nombre de fois où j'ai témoigné devant les étudiants, la manière dont ça a été perçu et le nombre de courriels et de cartes que j'ai reçus ont été incroyables. Ils disent `peu près tous qu'ils vont porter ce témoignage tout le long de leur carrière, qu'ils n'oublieront jamais - c'est énorme! »
Quand elle a commencé à militer en faveur des patients, Donna Davis n'avait aucune idée à quel point ce travail lui apporterait une guérison. « Mais c'est pourtant la manière dont je le décrirais, dit-elle. Cela soulagé une partie de mon cœur qui était restée brisée et je pense que cette guérison découle du fait que je rends hommage à la vie de Vance et que je donne un sens à son décès. »
Elle pense que les anciennes attitudes paternalistes du système de santé, où le point de vue des patients et de la famille est essentiellement considéré comme sans conséquence, changent lentement, bien qu'il reste encore beaucoup de travail à faire. L'ego des gens demeure un obstacle.
« Les mots ne pèsent pas lourd. Il est facile de dire oui, nos soins sont centrés sur la famille du patient et oui, le point de vue de la famille du patient est important pour nous, mais quand vient le temps de s'y mettre, de passer de la théorie à la pratique, il est très facile de retomber dans ses anciens travers, et ce que je constate assez souvent », résume Donna Davis, qui travaille comme infirmière gestionnaire d'un établissement intégré de soins de longue durée dans le sud de la Saskatchewan.
« Il suffit de garder le cap. Il nous faut comprendre que la culture ne se change pas du jour au lendemain. Nous devons souligner les succès que nous marquons et nous réunir les gens autour de nous, même s'il faut aller les chercher un à la fois. Nous devons continuer votre action, qui consiste à tendre la main à nos partenaires de la communauté des soins de santé dans un esprit positif. »