Parmi plus de 200 000 chirurgies réalisées à chaque année en Colombie-Britannique, conformément à la liste de vérification d'une chirurgie sécuritaire, environ 95 % des patients ne contractent aucune infection. Cependant, le British Columbia Patient Safety & Quality Council (BCPSQC) sait qu'en fait 4,4 % des patients contractent une infection du site opératoire (ISO) ou une infection des voies urinaires (IVU). Cela correspond à 10 000 patients par an.
Quatorze équipes issues de neuf différents sites en Colombie-Britannique participent à la démarche appelée 10K Race for Infection Prevention (10 000 raisons de réussir à prévenir les infections), une approche coopérative pour améliorer la qualité des soins et ainsi couper de moitié le nombre d'infections du site opératoire et des voies urinaires d'ici novembre 2016. Ces équipes mettent en œuvre des pratiques exemplaires pour prévenir les IVU d'origine chirurgicale (associées ou non à l'usage de sondes) et utilisent quatre principales stratégies de prévention qui réduisent de façon significative le risque d'ISO : le traitement antimicrobien péri-opératoire, l'enlèvement approprié des poils, le maintien d'un contrôle de la glycémie péri-opératoire et la normothermie péri-opératoire.
« Plutôt que de leur réapprendre les faits probants, nous amenons les équipes à se concentrer sur ces faits en se servant d'une approche de soins fondée sur le travail d'équipe », nous dit Geoff Schierbeck, leader en matière de qualité chirurgicale au BCPSQC. « Il y a beaucoup d'information qui circule, mais elle n'atteint pas nécessairement chacun des membres des équipes et nous devons nous assurer que tout le monde soit sur la même longueur d'onde. ».
Cette collaboration est unique parce qu'elle est soutenue par un exercice clinique de première ligne. Les individus qui mènent ce travail sont les médecins, les infirmières et infirmiers, les anesthésiologistes, le personnel en charge du nettoyage des blocs opératoires, les porteurs et les autres prestataires. Elle rassemble toute l'équipe pour apporter des améliorations. Les équipes décident de leur objectif commun de travail et elles sont appuyées et encouragées par leurs dirigeants à se réserver du temps pour apporter des améliorations péri-opératoires.
M. Schierbeck nous explique qu'ils ont étudié la Trousse En avant ! : Prévention des infections du site opératoire des Soins de santé plus sécuritaires maintenant! et le How-to Guide: Prevent Catheter-Associated Urinary Tract Infection (Guide pratique : Prévenir les infections du tractus urinaire associées à l'usage de sonde) de l'Institute for Healthcare Improvement pour créer un schéma de pilotage stratégique. Ce schéma intègre tous les faits probants entourant la prévention des ISO et des IVU en un seul document, qui identifie les idées de changement et les équipes qui y travailleront. Une feuille de travail issue de ce schéma permet ensuite aux équipes d'identifier leurs priorités et d'énoncer leur objectif.
Les équipes se sont d'abord réunies à Vancouver les 29 et 30 octobre 2015 pour relancer leurs efforts. Un soutien constant leur est accordé par une équipe responsable de l'amélioration de la qualité possédant une expérience clinique, et les équipes partageront leurs succès et leurs défis lors de webinaires qui se tiendront régulièrement au cours de l'année. Ce sont les équipes qui décident des sujets qui y seront abordés. Le premier webinaire, qui avait lieu le 1er décembre 2015, était axé sur les IVU en chirurgie gynécologique et soulignait l'efficacité du travail du Royal Inland Hospital de Kamloops. Ce webinaire a attiré un grand nombre de participants qui ont posé une multitude de questions sur cette question préoccupante. Le webinaire de janvier 2016 s'intéressera à la normothermie dans les cas d'ISO.
La collecte de données fait partie intégrante de la compréhension et de l'amélioration des systèmes, autant au niveau de chacun des sites qu'aux niveaux provinciaux. Chaque site partage ses données pour aider à la compréhension et à l'analyse au niveau provincial. Les données des sources existantes, dont celles du système de mesure de la sécurité des patients des Soins de santé plus sécuritaires maintenant! et du National Surgical Quality Improvement Program (NSQIP), sont utilisées pour réduire la charge de travail que représente la collecte de données.
Une application Apple et Android, appelée « The10K », a été créée pour fournir aux équipes un modèle qui leur permet de suivre leurs progrès par rapport aux autres équipes. Cette application fournit aussi d'autres renseignements, des causeries, des webinaires, des articles, des ressources et des processus de mesure. « L'appli place l'information au point d'intervention. Si vous voulez consulter l'information rapidement, l'appli présente la référence du schéma de pilotage stratégique ou quels sont les faits probants à l'appui des soins donnés », nous précise M. Schierbeck.
« En partageant nos succès et nos défis, nous nous sommes rendus compte que la plupart des équipes éprouvent les mêmes problèmes pour assurer la mise en pratique des faits probants et la culture qui permet de faire les deux », nous dit M. Schierbeck. « Une grande partie de nos efforts est consacrée à l'amélioration de la culture, au travail d'équipe et à la communication, et à voir comment tout cela peut faciliter la mise en œuvre des lignes directrices des pratiques exemplaires. Nous permettons aussi aux gens de voir les données sur leur rendement en temps réel. En présentant et en partageant cette information publiquement, là où tout le monde peut la voir, on encourage les équipes à maintenir leur engagement face à cet objectif. ».
Pour en savoir plus sur « The 10K » et les 10 000 raisons de réussir à prévenir les infections, visitez le www.10Kreasons.ca