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Fournisseur; Leader; Public
9/13/2018 6:00 PM

Par : Chelsea Campbell

Chelsea Campbell est la fondatrice de Take Care, une jeune entreprise de soins de santé lancée en automne 2017. Mme Campbell a été récompensée pour son travail et a reçu du financement par l’entremise de GreenHouse, un incubateur à impact social, et de la Spark Initiative. Elle est inscrite au programme d’études du développement social de l’Université de Waterloo et aspire à devenir spécialiste de l’enfance dans un avenir rapproché. Pour en apprendre davantage sur Take Care, visitez le site www.takecare-organization.com



En 2016, j’entamais mon deuxième semestre à l’Université de Waterloo, lorsque j’ai soudainement reçu un diagnostic de cancer de la thyroïde. J’avais 19 ans. Je venais tout juste de quitter le foyer de mes parents et de gagner de l’indépendance. Je commençais à peine à m’accoutumer au rythme de la vie universitaire et voilà que je me retrouvais devant un grave problème de santé. J’ai décidé de continuer à aller à l’école tout au long de mon parcours de cancer, et bien que les soins médicaux qui m’ont été administrés aient été exceptionnels, les services sociaux laissaient beaucoup à désirer. Ce fut un défi de trouver le soutien dont j’avais besoin, et même de reconnaître que j’avais besoin de soutien au départ.

Près d’un an plus tard, j’ai fait la rencontre d’un autre jeune adulte atteint de cancer de la thyroïde, et la connexion instantanée ressentie était incroyable. Je me sentais comprise et appuyée d’une manière qui jusque-là m’avait échappée. Quelques mois plus tard, j’ai découvert qu’il existait un centre de soutien du cancer au sein de ma région que j’aurais pu fréquenter. Ces réalisations ont lancé tout un processus de réflexion. Pourquoi ne m’a-t-on pas mise en contact avec d’autres personnes atteintes de cancer? Pourquoi n’étais-je pas au courant des programmes offerts au sein de ma propre ville? Dans un monde où la technologie est aussi avancée, pourquoi ces informations n’étaient-elles pas relayées? 

Ma curiosité m’a menée à réaliser des entrevues auprès de 72 individus ayant reçu un diagnostic de cancer au début de leur vie adulte dont j’ai fait la rencontre au cours de mon cheminement; et les résultats ont été significatifs. 92 % de ces individus ont ressenti des sentiments de solitude au cours de leur expérience de cancer, alors que 64 % d’entre eux ont ressenti de l’isolement. Seulement 8 % des personnes interrogées connaissaient plus de trois individus de leur âge atteints de cancer; une statistique entraînant à elle seule de la solitude et de l’aliénation. Lorsque j’ai demandé à ces patients d’indiquer la chose qui leur manquait au cours de leur parcours de cancer, 97 % de leurs réponses étaient liées à l’interaction avec autrui. Les patients ressentent un profond besoin de connexion et de soutien, et ils ne savent tout simplement pas où se tourner pour obtenir cette interaction et cet appui. 

Grâce à ces entrevues, à des recherches et à de nombreuses conversations, j’ai été en mesure de reconnaître trois problèmes distincts qui ont eu des répercussions négatives sur mon expérience de cancer en tant que jeune adulte, et celle des paires qui m’entourent. Le premier problème est qu’il existe un manque de connexion conséquente et de soutien social au sein de la communauté de jeunes adultes atteints de cancer. Il existe des ressources et des programmes destinés aux enfants et aux adultes atteints de cancer que l’on peut trouver assez facilement, mais il y a un fossé important là où les soins de soutien destinés aux jeunes adultes devraient se trouver. Le deuxième problème est que les programmes existants n’offrent pas suffisamment d’occasions d’interaction, soit, car les personnes qui en ont besoin ne savent pas qu’ils existent ou ils n’y ont pas accès à cause de certains facteurs, comme la géographie. Le troisième problème est que les difficultés liées à la santé mentale sont très courantes au sein de cette communauté précise de jeunes adultes atteints de cancer. Ces problématiques peuvent sembler difficiles à régler, mais selon moi, on devrait pouvoir y remédier de manière simple dans une certaine mesure. 

Au mois de septembre 2017, j’ai entamé un programme d’entrepreneuriat social appelé GreenHouse, qui est présenté par le biais de l’Université de Waterloo. C’est alors que je me suis donné l’objectif de résoudre ces problèmes et d’ainsi changer l’expérience de cancer des jeunes adultes. Je voulais avoir recours à la technologie pour tisser des liens profonds au sein de cette communauté, grâce à une connexion personnelle et adaptable, et à des méthodes visant à autonomiser les jeunes adultes, à combler le fossé entre ce qui existe présentement et les besoins réels des individus, et à faciliter la navigation des ressources et des programmes offerts à cette population de patients. C’est alors que le concept Take Care a vu le jour!

Take Care constitue une application consistant d’une plateforme destinée aux jeunes adultes atteints de cancer et aux jeunes adultes survivants, conçue pour leur permettre d’interagir et d’obtenir du soutien. Take Care offre surtout à ses jeunes utilisateurs la chance d’interagir avec des paires qui comprennent la réalité du cancer, d’accéder à des programmes qui leur sont offerts au sein de leur communauté, de consulter des ressources utiles et pratiques et de fréquenter un espace créatif où l’on peut s’exprimer de différentes façons en ligne. Cette solution simple a le potentiel de créer un impact énorme. L’application Take Care sera téléchargeable à l’aide de téléphones intelligents Apple et Android dès cet automne. Pour l’instant, Take Care se concentre sur la région de l’Ontario, mais nous avons pour but d'en faire un outil utile à l’échelle du Canada dans un futur rapproché, dans le but de veiller à ce que tous les jeunes adultes touchés par le cancer reçoivent l’aide et les soins qu’ils méritent!

À mon avis, l’aspect le plus intéressant de l’application Take Care est que cet outil a été créé à cause d’un problème dont j’ai fait l’expérience en tant que patiente naviguant à travers le système de santé. Notre parcours en tant que patient atteint de cancer nous permet de mieux comprendre les défis qui s’y rattachent et de créer des changements permettant aux prochaines personnes touchées par le cancer de vivre une expérience différente. J’espère que l’application Take Care permettra de créer une communauté de jeunes adultes atteints de cancer plus solide, plus serrée et mieux encadrée, pour que ces derniers n’aient qu’à se concentrer à retrouver la santé!