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1/22/2017 5:00 PM

La maladie artérielle périphérique (MAP) est causée par des plaques qui s'implantent sur les parois des artères et obstruent le flux sanguin dans les membres, généralement les jambes. Cette affection vasculaire touche autant que 800 000 Canadiens, et les personnes aux prises avec le diabète sont de deux à quatre fois plus à risque d'en être affligées. Malgré les traitements, 40 pour cent des personnes atteintes d'une MAP grave doivent subir l'amputation. En Ontario seulement, plus de 2 000 amputations de jambe sont effectuées chaque année.

Davantage qu'une procédure, le projet Saving Legs vise à accroître la sensibilisation, à mettre au point et à offrir de nouveaux traitements de fine pointe pour enrayer les amputations, et à former de nouvelles équipes à ces techniques ultra perfectionnées.  Dirigée par les chirurgiens vasculaires du Sunnybrook Health Sciences Centre, l'initiative projette également d'établir une clinique dont l'objectif est de sauver des jambes par le traitement des ulcères aux pieds chez les diabétiques. En détectant et en diagnostiquant de façon précoce les lésions ulcéreuses et en apportant des traitements vigoureux, Sunnybrook espère réduire les taux d'amputation, qui sont actuellement de 40 pour cent, à 5 pour cent.

Au Canada, le risque pour toute personne diabétique de développer un ulcère au pied est de 15 à 25 pour cent. Et une fois que le patient a développé l'ulcère, le risque qu'il décède dans les deux années qui suivent est de 50 pour cent, et le risque qu'il subisse une amputation dans les deux à cinq années subséquentes est de plus de 75 pour cent. Mis en corollaire avec les diagnostics du cancer du sein, de la prostate ou du colon, le jour où le patient développe un ulcère au pied présente de pires pronostics que les trois cancers combinés. « Si vous souffrez de diabète, que vous avez un ulcère au pied accompagné d'un problème circulatoire en bas du genou, ce qui est habituellement le cas, vous auriez inévitablement besoin d'une amputation. Mais les choses ont changé », affirme Dr Giuseppe Papia, chirurgien vasculaire et endovasculaire.

Les spécialistes vasculaires et des plaies de Sunnybrook travaillent concurremment, utilisant le modèle « toe and flow » (orteil et circulation) pour augmenter le flux sanguin dans cette région du corps, afin de soigner les patients qui développent un ulcère au pied.  Grâce au savoir-faire et à l'équipement de fine pointe, les patients peuvent recevoir des traitements multidisciplinaires, et ce, de façon diligente.

Dr Papia et son collègue Dr Andrew Dueck exécutent quelque 250 interventions chaque année en utilisant une angioplastie minimalement invasive pour dégager les obstructions et rétablir la circulation sanguine dans les jambes.  Les interventions consistent à insérer un cathéter à ballonnet dans les artères rétrécies de la jambe pour dilater les vaisseaux sanguins qui se rendent jusque dans le pied. Souvent, les patients ressentent un soulagement immédiat de la douleur et retournent à la maison le jour même.   

« Le centre Sunnybrook est l'un des précurseurs du traitement de la maladie avec des ballonnets d'angioplastie recouverts d'un médicament anti-inflammatoire au Canada, ajoute Dr Papia.  Pour les angioplasticiens, la dilatation de l'artère ne suffit pas puisqu'elle laissera des stigmates. Le médicament réduit la formation de tissus cicatriciels qui peuvent provoquer une occlusion artérielle. L'utilisation d'un anti-inflammatoire qui se libère directement dans la zone ciblée fait une différence à long terme. »

Sunnybrook est particulièrement unique au Canada en ce qu'il réunit en un seul programme la chirurgie vasculaire, la chirurgie cardiaque et la cardiologie. En conséquence, les interventions sont menées dans un laboratoire dédié au cathétérisme, plutôt que dans une salle de radiologie ou une salle d'opération munie d'équipement hybride.

En 2008, Dr Papia a commencé à explorer des traitements alternatifs pour soigner l'affection vasculaire. Lors de son fellowship en chirurgie endovasculaire à la clinique Cleveland, il a travaillé auprès d'un mentor pour acquérir la maîtrise de la procédure de l'angioplastie. À l'époque, les technologies coronaires et les fils-guides pour insertion dans le cœur étaient utilisés; ils ne disposaient pas de l'équipement idéal et devaient se servir de fils-guides plus longs et mis ensemble pour effectuer la procédure vasculaire.   

Dr Papia a alors entendu dire que ce type de procédure était pratiqué en Europe. Il a ainsi décidé d'aller voir ce qui s'y faisait et a travaillé avec des médecins sur l'autre continent. Au cours de son périple, il a trouvé très inspirants les hôpitaux qui se concentraient sur le pied diabétique et prodiguaient des soins énergiques et précoces aux patients affligés de problèmes vasculaires.  Il a été à même de constater à quel point les centres européens étaient bien organisés.  « Ils fonctionnent beaucoup comme des centres de cancérologie, mais pour des problèmes de pied diabétique, déclare Dr Papia. Le patient se présente et reçoit tous les services au même endroit, allant des diagnostics jusqu'aux consultations multidisciplinaires – soins de médecine générale, de chirurgie, de podiatrie et des plaies.  Les taux d'amputation y sont extrêmement faibles et la performance de l'indice de qualité de vie des patients est particulièrement élevée; leurs résultats d'ensemble sont enviables. »

Avec le vieillissement de la population et l'augmentation des cas d'obésité, les taux de diabète explosent non seulement dans le monde occidental, mais dans le monde entier.  Selon Dr Papia, c'est plus qu'une épidémie; c'est un tsunami qui menace notre système de santé.  Les données émanant du gouvernement de l'Ontario indiquent que le traitement d'un ulcère au pied d'une personne diabétique coûte de 6 000 $ à 9 000 $, et que si cet ulcère s'infecte, le coût des antibiotiques et des soins médicaux fait grimper la note à près de 12 000 $ ou 13 000 $. Si la situation se détériore et se termine par une amputation de la jambe, le système de santé aura épongé un coût approchant les 65 000 $ à 70 000 $ pour ce même patient. « C'est par multiples de 10 que le coût augmente si nous ne prévenons pas ces ulcères et ne les traitons pas assez rapidement », se désole le docteur Papia. 

« En regardant vers l'avenir, nous avons le potentiel de rehausser de façon significative la qualité de vie de nos patients, insiste-t-il. Si on me demandait de pointer un secteur de la santé qui, en 2030, sera aux prises avec un problème colossal, je n'aurais pas d'hésitation à nommer celui-ci parmi les enjeux prioritaires. Il est certain que face à un problème de santé que nous savons aussi onéreux, dont le résultat ou le diagnostic est pire que certains cancers, nous pourrons difficilement faire une différence si nous n'avons pas un centre dédié.

Dr Papia ajoute que, à l'instar des centres de cancérologie, par exemple, ou de traumatologie, il en faut en nombre suffisant et un peu partout pour que cela fasse une différence. Sa vision est d'étendre cette initiative locale à la grandeur de la province et du pays, en tant que campagne de sensibilisation, d'éducation, de recherche et ultimement de traitement. 

Le projet Saving Legs a un fil Twitter et une page Facebook pour relayer le message et susciter l'intérêt. Gazouillez à l'aide du mot-clic #SavingLegs, ou visitez https://www.facebook.com/projectsavinglegs/?fref=ts.

Pour plus d'information, communiquez avec Giuseppe.Papia@sunnybrook.ca

Les étapes de la procédure de l'angioplastie :

  • Après une échographie (qui fournit les renseignements sur le flux sanguin et détecte les rétrécissements ou occlusions artériels), un examen physique et parfois une tomodensitométrie en clinique, le patient est dirigé vers le laboratoire de cathétérisme pour une angioplastie.
  • S'il le demande, le patient peut recevoir une faible sédation.  Des rayons X de l'aine sont pris pour déterminer le point d'insertion le plus sécuritaire de l'artère fémorale.
  • Après une anesthésie locale, une petite aiguille est insérée dans l'aine au côté opposé de la jambe problématique (pour un ulcère au pied droit, Dr Papia préfère accéder à l'artère fémorale à partir de l'aine gauche du patient, une technique qui lui permet plus de manœuvrabilité en descendant le vaisseau sanguin et qui offre la meilleure vue de ce qui se passe à partir de l'aorte jusqu'au bas de la jambe.) 
  • L'artère est ensuite perforée par l'aiguille, et un cathéter est inséré au-dessus de la partie médiane de l'artère fémorale jusque dans la jambe opposée. (Tout ceci est visible sur les écrans de contrôle radiologique installés près de la table d'opération.)  Un fil-guide coronaire est inséré par le cathéter.  Du liquide de contraste est injecté par le cathéter, permettant au chirurgien de visualiser les vaisseaux et le flux sanguin grâce à des images radiographiques dynamiques (fluoroscopie).
  • Un fluidifiant sanguin est administré (les cathéters peuvent parfois bloquer la circulation sanguine et provoquer la formation de caillots dans l'artère); les fils-guides sont alors insérés dans le cathéter jusqu'à la zone ciblée afin de dégager l'occlusion. Un ballonnet est ensuite glissé jusqu'au site de l'angioplastie.  À l'aide d'une petite pompe manuelle, le chirurgien gonfle le ballonnet à l'intérieur de l'artère tout en le laissant en place pendant environ trois minutes pour élargir le vaisseau et améliorer le flux sanguin.
  • Le ballonnet, les fils-guides et le cathéter sont ensuite retirés et le site d'insertion est refermé à l'aide d'un dispositif de fermeture. Les patients retournent à leur domicile 4 heures après l'intervention et reviennent pour un suivi diagnostique un mois plus tard.