Plus tôt ce mois-ci, j'ai assisté à la Conférence nationale sur le leadership en santé à St. John's en compagnie de plusieurs membres du personnel de l'ICSP. L'ICSP fut un fier partenaire en tant que commanditaire Or de cet événement présenté par SoinsSantéCAN et le Collège canadien des leaders en santé. Nous avons tenu un kiosque distribuant de l'information sur la sécurité des patients aux participants, et notre équipe a consacré de son temps pour rejoindre les membres de l'assistance via les médias sociaux – en fait, nous avons rejoint plus d'un million de personnes en ligne durant notre courte présence.
Bien que le fait d'établir des liens avec des leaders en santé de tous les coins du pays et du monde et d'avoir l'honneur d'animer un déjeuner-causerie de la Conférence m'ait remplie d'enthousiasme, pour moi le véritable point saillant de l'événement fut la Gand Débat sur les soins de santé au Canada.
Conçu pour identifier le besoin le plus pressant du système de santé, le débat de cette année a approfondi trois enjeux importants : la santé mentale, la santé autochtone et la santé des aînés. La résolution débattue par Jan Byrd, chef de l'amélioration de la sécurité des patients pour l'Institut canadien pour la sécurité des patients, fut la première finaliste au terme du débat, récoltant 26 % des voix!
Inutile de dire combien j'étais fière!
Jan a relaté l'histoire de Brian Sinclair, un autochtone de Winnipeg âgé de 45 ans, qui est mort des complications d'une infection traitable de la vessie, après avoir été ignoré pendant 34 heures dans la salle d'attente de l'urgence. « Aucun membre du personnel médical n'a parlé à Brian durant cette période d'attente de 34 heures, » a déploré Jan devant les professionnels de la santé rassemblés, « même lorsque des étrangers et des membres du personnel non médical ont tenté d'alerter le personnel infirmier. S'il avait reçu les soins dont il avait besoin, il ne serait pas mort. »
Cet incident mettant en péril la sécurité du patient aurait pu être prévenu, n'eût été de plusieurs manques en matière de communication et de littéracie en santé, tant de la part de Brian que des personnes chargées de ses soins. Les patients complexes et ceux qui ont un faible niveau de littératie en santé courent le plus grand risque de dommage. « Les niveaux d'instruction inférieurs, les faibles revenus, l'itinérance, le chômage, le statut de minorité, l'anglais comme langue seconde et le vieillissement sont autant de facteurs associés à une dégradation de l'état de santé général et à une littéracie en santé déficiente », a déclaré Jan. Par conséquent, ces personnes sont susceptibles de recevoir des diagnostics tardifs, d'utiliser davantage les services d'urgence et d'être mal outillées pour gérer leurs propres soins à domicile et, bien sûr, elles présentent des taux de mortalité plus élevés.
Alors, que pouvons-nous faire pour améliorer ce tableau? Nous savons que les déterminants sociaux créent des inégalités en santé, mais nous constatons également que les services de santé eux-mêmes contribuent souvent à creuser le fossé de ces inégalités plutôt qu'à le combler. Pour citer les propos qu'a tenus Jan au Débat, « La faible littéracie en matière de santé n'est pas un problème de patients! » Si les prestataires de soins et les leaders en santé ne peuvent communiquer l'information de manière à ce que les patients la comprennent, nous avons là un problème de littéracie.
« La stigmatisation entourant la faible littéracie en santé est réelle, de conclure Jan, et les systèmes de santé qui surestiment la compréhension des patients, ou qui tiennent pour acquis que ceux-ci comprennent tout, participent inexorablement au risque. Nous devons trouver une autre façon. Il s'agit d'une responsabilité partagée entre les patients et le système de santé. Nous pouvons l'assumer mutuellement et explorer ensemble les moyens d'améliorer la communication et les structures du pouvoir, et enfin aller de l'avant. »
Jan a plaidé pour le changement politique et social favorisant la réflexion sur les incidents liés à la sécurité des patients vécus par les personnes autochtones, les personnes défavorisées et peu éduquées, et nous tous. Elle a avancé l'idée que l'ICSP pourrait aider à créer un espace de discussion pancanadien sur la sécurité des patients, la littéracie en matière de santé et la santé des autochtones. Sa présentation a consisté en un appel à l'action auprès des leaders en santé canadiens et des communautés autochtones, les invitant à élaborer de concert un processus de consultation significatif en vue de promouvoir la littéracie en santé ainsi que l'engagement des patients en tant que conditions essentielles pour assurer la sécurité des patients.
Jan s'est illustrée au Grand Débat sur les soins de santé au Canada, en se hissant au deuxième rang derrière Nicholas Watters, directeur du Centre d'échange des connaissances de la Commission de la santé mentale du Canada, dont le sujet a porté sur la santé mentale universelle. Dr Anwar Haq, directeur exécutif du réseau Covenant Network of Excellence in Seniors' Health and Wellness, s'est vu attribuer la troisième place. Ce dernier a insisté auprès des leaders en santé pour qu'ils s'engagent à changer la culture du système de santé en faisant participer activement les proches aidants au sein des établissements de soins.
« Les législateurs partout au Canada et à la Chambre des communes devraient s'inspirer de ce débat de fond qu'ont nourri avec passion les leaders en santé, soutient Paul-Émile Cloutier de SoinsSantéCAN. Les trois motions finales débattues étaient extrêmement bien ficelées et étroitement liées, de sorte que les progrès réalisés sur un enjeu influaient sur les deux autres. »
Je souscris totalement à ces propos. Je m'attends à ce que les personnes touchées par ce sujet réagissent en grand nombre, et je sais que l'ICSP exercera son leadership pour promouvoir la littéracie en santé en tant que moyen d'assurer la sécurité des patients.
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Votre partenaire dévouée en sécurité des patients,
Chris Power