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4/18/2017 6:00 PM

Forum sur invitation sur la réduction des préjudices – Le 5 avril 2017

La transparence et le changement de culture sont essentiels à la sécurité des patients

Considérez le patient qui est devant vous comme un individu, soignez-le au meilleur de vos connaissances et, si vous commettez une erreur, présentez-lui directement vos excuses en temps opportun.

Voilà ce qui pourrait résumer certains des conseils axés sur le patient fournis lors d'un examen complet de la sécurité des patients et de la réduction des préjudices dans les hôpitaux et communiqués par de nombreux participants au forum  dans le cadre de la 4e conférence annuelle InnovationEX des Centres conjoints pour l'innovation en matière de santé transformatrice tenue à l'Hôpital Markham-Stouffville.

L'Hôpital Markham-Stouffville est membre des Centres conjoints, de même que Mackenzie Health, l'Hôpital Michael Garron, l'Hôpital général de North York, le Centre de santé régional de Southlake et le Centre de santé St-Joseph.

Cette année, en plus de se concentrer sur la sécurité des patients, l'événement s'est aussi intéressé au travail novateur de ces six hôpitaux visant à améliorer la qualité et la sécurité et à valoriser le système de soins de santé.

« Vous innovez de la meilleure façon qui soit. Vous innovez lorsque ça touche les patients », nous disait le Dr Bob Bell, sous-ministre de la Santé et des Soins de longue durée, dans ses commentaires préliminaires. Au cours de sa présentation, le Dr Bell s'est concentré sur la façon dont la version révisée de la Loi sur la protection des renseignements sur la qualité des soins, qui sera proclamée cet été, augmentera la transparence du traitement des erreurs évitables dans les hôpitaux.

En tant que principale conférencière du forum, Chris Power, présidente-directrice générale de l'Institut canadien pour la sécurité des patients (ICSP) a dressé un tableau complet de l'état actuel de la sécurité des patients au Canada.

« Quand il est question de soins de santé, nous savons que les choses peuvent mal tourner malgré tous nos efforts. Cependant, la plupart du temps, nous obtenons de bons résultats », nous disait Mme Power. Elle se devait d'ajouter, par contre, qu'une personne meurt à toutes les 17 minutes suite à un événement qui aurait pu être évité dans un hôpital canadien de soins de courte durée, et que cette statistique n'a pas beaucoup changé au cours des dernières années.

Selon le point de vue, il est possible d'éradiquer de telles erreurs, ajoutait-elle, alors que d'autres intervenants de la réunion étaient d'avis qu'une élimination totale de l'erreur était impossible, bien qu'il était possible d'en faire bien davantage pour réduire l'impact de ces incidents sur les patients.

Le manque de communication étant identifié comme la principale cause des erreurs évitables, a-t-elle ajouté, les éléments clés qui permettraient de changer la situation résident dans la création d'une culture de la sécurité et dans l'amélioration du travail d'équipe et des communications.

Mme Power nous a alors parlé du travail accompli à l'ICSP afin d'identifier les « conditions gagnantes » pour améliorer la sécurité des patients. Ces conditions comprennent :

  • l'amélioration de la fiabilité du processus décisionnel humain – nettement insuffisant en ce moment au Canada en raison d'une très forte tradition d'autonomie clinique et de la méfiance exprimée envers le travail normalisé.
  • le développement d'un sentiment d'urgence à ce sujet – un sentiment qui, selon Mme Power, « semble s'être estompé » au cours des dernières années.
  • l'engagement envers la bonne gouvernance et l'engagement des dirigeants. Mme Power et d'autres ont fait état des « centres d'excellence » au Canada, alors que la capacité globale de gouvernance d'un système performant n'a pas beaucoup progressé.
  • l'accès à des données granulaires fiables qui seront utiles à chacun des cliniciens.

Mme Power ajoutait qu'avec le cadre croissant et exigeant formé par les défenseurs des patients, « ce sont les patients et le public qui transformeront les soins de santé, pas nous. ».

Ce thème a continué à nourrir les discussions qui s'en sont suivies, dont l'intervention de l'une de ses membres, Diane McKenzie, patiente et conseillère familiale au Centre de santé St-Joseph.

Ce débat a soulevé une autre priorité majeure : la comparaison entre la gestion de la sécurité des patients dans les hôpitaux et la façon dont la sécurité est traitée dans les secteurs de l'aéronautique et de l'aérospatiale. Des précisions ont été apportées par l'ancien astronaute, urgentologue et maintenant PDG de Southlake, le Dr Dave Williams, et Samuel Elfassy, directeur général du Service de sécurité, de l'environnement et de la qualité chez Air Canada.

Les débats ont été animés par le Dr Joshua Tepper, président-directeur général de Qualité des services de santé Ontario. La sécurité est l'une des six dimensions de la qualité qui définissent un système de soins de santé de haute qualité et qui fait progresser le travail de Qualité des services de santé Ontario.

La comparaison entre la sécurité dans le secteur hospitalier et le secteur de l'aéronautique a donné lieu à de longs débats sur la sécurité des patients, et suite aux discussions de groupe, il était clair que les cliniciens doivent en faire encore davantage pour adopter la culture ancrée chez les pilotes et les astronautes.

M. Elfassy soulignait que le changement de culture dans les hôpitaux exigera beaucoup de transparence, de données et de récits personnels. Le Dr Williams nous a rappelé le pouvoir du récit et nous a fait part de l'incidence des résultats imprévus, qui plus est des erreurs médicales, sur le personnel clinique, lorsque qu'il nous a parlé qu'il s'est récemment mis à pleurer en faisant sa ronde de visites au Southlake en discutant d'un incident datant d'il y a 30 ans, où aucune erreur n'avait été commise, mais où un dénouement extrêmement tragique s'était produit.

Le Dr Williams a fait observer que les gens de l'industrie aéronautique sont grandement exposés à une terminologie et à une culture de la sécurité, alors qu'elles ne font que commencer à être adoptées par la médecine.

Tandis que le Dr Williams et Mme Power concentraient leur attention sur la nécessité d'une normalisation plus étendue des soins de santé, Mme McKenzie ajoutait que les prestataires doivent aussi rendre compte des besoins individuels des patients.

La discussion s'est penchée brièvement sur la question des contraintes budgétaires des hôpitaux et de leur impact sur la sécurité des patients.

Mme Power et d'autres ont souligné toutes les variables qui peuvent avoir une incidence sur les soins hospitaliers prodigués aux patients, telles que le manque de lits, qui doit être examiné du point de vue de la sécurité. Les hôpitaux continueront de devoir fournir les soins les plus sécuritaires et de la plus haute qualité qui soit, malgré les contraintes imposées par leurs enveloppes budgétaires.

La discussion s'est conclue en revenant sur la question des soins individuels aux patients pour améliorer leur sécurité et réduire le nombre d'erreurs médicales. Mme McKenzie a tenu à souligner que malgré l'importance indéniable de l'élaboration de normes de soins, il ne faut pas oublier que ces modèles de soins ne s'adapteront pas à tous les patients et qu'il devra toujours exister un processus qui leur assurera des soins optimaux.

« Nous promettons aux patients des soins de la plus haute qualité, et nous gagnerons leur confiance lorsque nous tiendrons notre promesse », nous a rappelé le Dr Tepper.

Le Dr Tim Rutledge, président des Centres conjoints, a conclu le forum et a donné le ton au travail qui se poursuivra en vue de réduire les préjudices en réitérant que « nous avons besoin d'une culture axée sur la confiance, l'apprentissage et la collaboration. ». Il a souligné, en terminant, que nous pouvons sentir de façon tangible que cette culture existe au sein des organisations qui ont participé au forum.